samedi 28 avril 2012

Zola : Au Bonheur des Dames




Au Bonheur des Dames

Octave Mouret affole les femmes de désir. Son grand magasin parisien, Au Bonheur des Dames, est un paradis pour les sens. Les tissus s'amoncellent, éblouissants, délicats, de faille ou de soie. Tout ce qu'une femme peut acheter en 1883, Octave Mouret le vend avec des techniques révolutionnaires. Le sucs est immense. Mais ce bazar est une catastrophe pour le quartier, les petits commerces meurent, les sculations immobilières se multiplient. Et le personnel connaît une vie d'enfer. Denise échoue de Valognes dans cette fournaise, munie mais tenace. Zola fait de la jeune fille et de son puissant patron amoureux d'elle le symbole du modernisme et des crises qu'il suscite. Zola plonge le lecteur dans un bain de foule érotique. Personne ne pourra plus entrer dans un grand magasin sans ressentir ce que Zola raconte avec génie : les fourmillements de la vie.

MON AVIS :




Depuis septembre, ce roman de Zola était sur ma table de chevet, attendant que je l'ouvre et le lise. En effet, étant dans une filière littéraire et n'ayant jamais lu de Zola, j'étais déterminée à découvrir ce grand auteur français. Et l'arrivée des vacances m'a décidée.

J'ai choisi cette œuvre de Zola car, bien que connue, ce n'est pas celle qui ressort le plus lorsqu'on cite cet auteur (on pense plutôt à Germinal). Il faut reconnaître que Zola est un « monstre de la littérature française », un monstre relevant du génie selon bien des spécialistes. Ainsi, j'avais peur de ne pas aimer, de m'ennuyer et de lire ce roman avec une extrême lenteur. Les classiques sont redoutés par la majorité des jeunes lecteurs et je suis passée par là ! Mais ici, je me suis pris une véritable claque.

Tout d'abord, le décor choisit ici par Zola est merveilleusement bien décrit. Au fur et à mesure qu'on lit ses mots, on se représente le tout Paris de l'époque et on s'y projette. Il alterne entre description, action et dialogue avec art et virtuosité. Il ne se perd pas dans des pages et des pages de descriptions superflues. Bien au contraire, elles sont très bien agencées et écrites d'une telle manière qu'on les lit sans se perdre dans le flot de détails donnés. De plus, elles donnent des éléments importants pour le récit et elles permettent de passer d'une scène à l'autre sans que l'on s'en rende compte.

Ici, décor rime avec grand magasin. On assiste tout au long des pages au développement du Bonheur des Dames, grand magasin de Paris que l'on pourrait nommer ancêtre des Galeries Lafayette. Zola a découpé son roman d'une telle façon qu'on assiste à toutes les étapes de ce développement ainsi qu'au déroulement d'une journée de travail pour les commis, vendeurs et patron. Chaque chapitre a sa particularité et son petit moment spécifique de la journée : l'arrivée de nouvelles vendeuses, les renvois des moins bons, les promotions des meilleures, la cantine, les soirées, les virées du dimanche. On savoure toutes ces petites aventures de tous ces personnages en assistant parfois à des scènes d'extérieur : chez Mme Desforges une des grandes dames du roman, chez Baudu et Bourras deux petits commerçants, à Joinville, au Jardin des Tuileries... et chaque fois, les personnages que Zola a fait naître nous livrent des scènes magistrales, des scènes que je jugerai même cultes et qui m'ont transportée. Elles ont tellement de force qu'on ne fait pas que les lire, on les vit !

En effet, les personnages sont tous tellement magistraux qu'ils ne peuvent que vous toucher d'une façon ou d'une autre. Tous ont leur caractère et marquent le roman. Aucun ne peut être supprimé sous peine de faire tomber l'édifice. Ils apportent chacun quelque chose d'important au Bonheur des Dames et Zola sait leur trouver une porte de sortie digne d'eux lorsqu'ils ont accompli leur mission. Les deux personnages les plus importants sont Denise et Mouret. Tous les deux sont différent à bien des aspects mais ils ne peuvent s'éviter malgré tous les efforts qu'ils font. Cependant, pas une fois Zola ne laisse un indice permettant de donner la fin possible. On ne fait que douter et pour le peu qu'on ait une certitude, elle se retrouve ébranlée par un fait nouveau. J'ai énormément aimé le personnage de Mouret : jeune homme ambitieux, il veut tout avoir et réussir partout. C'est un bon vivant et il a su me toucher dès le départ. Il peut être gentil et calme comme méchant et colérique. Il a une personnalité à multiple facettes contrairement à Denise, personnage central, qui m'a souvent laissé de marbre. Les personnages secondaires tels que Hutin et Favier m'ont fait sourire par leurs remarques acerbes et leur hypocrisie alors que les Baudu avec Geneviève m'ont fait pitié. En lisant ce roman, je suis passée par toutes les émotions possibles.

Ce premier Zola m'a comblée. Ce roman est d'ailleurs d'un modernisme indéniable : les grands magasins ruinent les petits commerçants. Zola était réellement visionnaire. Il a un style réellement travaillé mais absolument pas lourd. Tout est réellement pensé, travaillé, retravaillé, arrangé... pour notre plus grand bonheur !

Lu et chroniqué en juin 2011

3 commentaires:

  1. Il faut vraiment que je lise du Zola. Je pensais en étudier un lors de ma scolarité pour le français, mais non ! Je passe en Terminale, je n'ai plus de Français au programme, alors je vais y remédier moi-même, héhé :P J'adore les classiques, alors je pense aimer Zola. Celui-là ainsi que Nana et Germinal me tentent beaucoup. Ton avis est encourageant.

    Je viens de visiter ta PAL sur Livraddict :)
    Tristan et Iseult est mon histoire d'amour favorite ! Lis-le vite !! Par ailleurs j'ai vu que tu avais aussi Hamlet de Shalespeare. Cette pièce est une merveille, et j'ai hâte de savoir ce que tu en pense.

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  2. " Ainsi, j'avais peur de ne pas aimer, de m'ennuyer et de lire ce roman avec une extrême lenteur." Ahahah ça, c'est ce qui s'est passé pour moi quand j'ai lu Germinal... le seul Zola que j'ai lu de ma vie jusqu'à maintenant. Je tenterais peut-être celui ci alors, le jour où j'aurais enfin terminé "Du côté de chez Swann"

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