lundi 19 janvier 2015

Aya Cissoko et Marie Desplechin : Danbé




Danbé

« J’aimerais que celle ou celui qui lira ce petit livre mesure ce qu’il a de déchirant. Il est mon au revoir à ceux que je laisse sur le quai. (…) Il est mon au revoir à mon enfance de petite fille noire en collants verts, qui dévale en criant les jardins de Ménilmontant. »

Quand Marie Desplechin rencontre Aya Cissoko, elle est touchée par la singularité de son histoire. Née de parents maliens, Aya a connu une petite enfance habitée de souvenirs délicieux, qui prend fin avec la disparition de son père et de sa petite sœur dans un incendie. Élevée par sa mère dans le respect du danbé, la dignité en malinké, Aya apprend à surmonter les épreuves et trouve dans la boxe un refuge.

MON AVIS :

La découverte de ce livre s’est faite au détour d’une discussion avec une collègue. Je cherchais des titres d’autobiographies et celui-ci est venu à moi. De plus, j’ai été interpellée par le nom de Marie Desplechin que j’ai découverte au détour d’un service presse avec Gallimard Jeunesse, soit dans un style totalement différent. Ce livre a été coécrit avec Aya Cissoko et c’est son histoire qu’on découvre dans ces pages.


L’histoire d’Aya Cissoko est touchante et intéressante. Sa vie n’a pas toujours été évidente mais elle a pu prendre une belle revanche. Le livre reprend toute la vie d’Aya, depuis son enfance à Paris jusqu’à sa vie adulte et son parcours de boxeuse professionnelle. 


J’ai été touchée par le style vrai et naturel du livre. En effet, l’écriture est limpide. Je lisais ce texte avec une facilité déconcertante. Mais attention ! Facilité ne signifie pas simplicité. Je me suis rendue compte que ce texte était empreint d’une certaine oralité. Aya Cissoko raconte, Marie Desplechin écrit, le tout sans aucun artifice. Cela donne un effet de fluidité, j’ai été portée par ce récit. Aya nous décrit sa vie mais tout en nous la faisant vivre : une réelle prouesse.


Rien n’est laissé au hasard. Aya nous dévoile ses émotions les plus profondes, l’amour qu’elle porte à son père et à sa famille, l’incendie de leur immeuble, ses difficultés à l’école, sa découverte du ring… Tout cela rend ce récit touchant. Nous sommes plongés dans les pensées et les émotions d’Aya. La façon dont elle raconte son histoire nous transporte dans ce Paris des banlieues et dans ces combats de boxe. 


Aya Cissoko se raconte et montre que sa vie est un éternel combat. Alors même qu’elle semble s’en sortir avec la boxe, sa vie bascule à nouveau. On pourrait beaucoup apprendre à la lecture de cette autobiographie : la vie est un combat de tous les jours, pour certains plus dur que pour d’autres.


Enfin, le mercredi 14 janvier, je suis allée au théâtre à Tourcoing. Ce roman d’Aya Cissoko, aussi incroyable que ça puisse paraître, a été mis en scène d’une façon très originale. En réservant ma place, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Ma surprise en a été que plus grande. En effet, en arrivant dans la salle, je constate qu’il s’agit d’une simple pièce, rectangulaire. Tout autour, une trentaine de chaises, au centre une cinquantaine de coussins. Sur chaque chaise et chaque coussin, se trouvait un casque audio. A une extrémité de la pièce : un micro. Sur les deux autres côtés, d’autres micros, des écrans (type les écrans pour vidéoprojecteurs) et quelques instruments de musique. Avec mon amie, nous nous sommes installées sur les coussins et mis les casques. Le spectacle n’en était pas vraiment un… Toutes les personnes sur les coussins se sont allongées lorsque le noir s’est fait. Deux musiciens et une conteuse sont arrivés discrètement et ça a commencé… Une musique et quelques bruitages très doux se sont fait entendre, les écrans ont pris des couleurs douces (bleu, orange…) et la conteuse a commencé à réciter le roman. Oui, oui, réciter. Mais c’était loin d’être monotone ! C’était comme du théâtre, c’était un véritable monologue : vivant, poignant, touchant. Avec cette ambiance intimiste et cette voix, je n’ai pas vu l’heure et demie passer. Ce fut une très bonne expérience !


En résumé : un livre touchant et poignant. Une mise en scène originale et brillante!


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